— Pascal Haudressy à propos de "C o s m ø d i s s e y" —
« Cosmødissey incarne une vision syncrétique du monde universel, c’est à dire une symbiose universelle, que produisent les échanges culturels portés par les voyageurs arpentant le monde. Ce fourmillement continuel des néo-globe-trotters du 21ème siècle, tels des électrons chargeant d’une énergie culturelle cet atome géant qu’est la terre, contribuent chaque jour à unir l’humanité. Cette vision nous conduit à considérer la planète comme un bouillonnement d’identité en fusion. La transposition artistique de cette idée se traduit par des continents qui transgressent leur géométrie conventionnelle comme si les plaques tectoniques suivaient le mouvement des hommes pour confondre les cultures. C’est un hommage à tous ceux qui contribuent par leur parcours individuel et leur richesse intérieur à faire que la terre bouge aussi au figuré.
Le principe littéral de la poésie visuelle prend appui sur deux notions : une mécanique oléiforme et un parti pris graphique simple mais résolument identifiable.
Un fond noir laqué, dont les reflets laissent supposer une profondeur et un volume majestueux, est la toile sur laquelle viennent glisser des formes aqueuses que le spectateur déchiffre rapidement comme les cinq continents du globe terrestre.
Fonctionnant à la manière de flaques oléagineuses en mouvement évoquant le mercure attiré par les pôles, les continents, sont composés d’un premier contour, tracé tout en relâchement qui dialogue les uns avec les autres. À l’intérieur, un deuxième relief plus proche de la silhouette réelle des continents se meut également mais dans une amplitude plus restreinte.
Les frontières épaisses et curvilignes, dans une rondeur extrapolée à la Brancusi, sont bleues et oscillent entre nuances majorelle et de bleu de cobalt pour transcrire l’idée de volume. Pour ajouter de l’élégance et du scintillement à cette mécanique aqueuse, nous ajouterons des reflets argentés donnant un aspect chromé aux volumes, à la manière du mercure.
Les continents se frôlent, s’effleurent et se mélangent lorsque le contact de deux volumes produit l’effet de fusion cellulaire homogène propre à tous liquides. Ainsi et de manière infinie, les continents se forment et se déforment pour renouveler éternellement la mécanique hallucinatoire et poétique du film. »